Shani Lufeng

Vous vous souvenez des débuts de la fameuse nouvelle loi et de ses mesures transitoires (pour ne pas dire aléatoires…). voyez les archives d’Août et de Septembre 2005…et après presque qu’un an d’application les résultats sont catastrophiques ! Les candidats adoptants sont de plus en plus victimes de cette loi !

Une pétition créée par un groupe de parents est accessible sur le web…Voici en substance ce que cette pétition dénonce et réclame (extrait de la homepage du site) :

Nous parents adoptants, ON NOUS A MENTI !

Nous dénonçons la supercherie dont nous sommes victimes. En septembre 2005, on nous a fait croire qu’adopter allait désormais devenir plus simple, plus rapide, moins onéreux et cela grâce à une nouvelle loi qui entrait en vigueur. Le rêve!…

Dix mois plus tard, on devrait plutôt parler de cauchemar !
C’est plus long (au moins 6 mois de plus), plus compliqué (multiplication des démarches et interlocuteurs), discriminatoire (un wallon habitant en Flandres est obligé de passer par un organisme flamand, et inversement pour un flamand habitant en Wallonie… et plus contestable aussi sur le contenu de certaines formations dispensées (une émission de Delarue comme matériel didactique!).

Comment ne pas être en colère lorsqu’on découvre que cette nouvelle législation ne stipulait pas les merveilleux objectifs annoncés. Pire, sa portée et sa conception, ne pouvaient avoir que des effets inverses. Nos autorités le savaient.

Nous ne contestons pas la loi dans son entièreté. Il était nécessaire et très important de ratifier la Convention de La Haye. Nous regrettons par contre la répartition bien belge des compétences en la matière, ce qui a compliqué les choses au mépris même du désarroi des parents dont le parcours est déjà si éprouvant. Dans la mise en pratique, enfin, nous dépendons désormais de la bureaucratie, en congé l’été par exemple ! Facile de comprendre l’augmentation des délais…

Par cette pétition, nous réclamons donc, d’urgence une procédure facilitée et plus rapide, conformément à ce qui avait été annoncé, ce qui implique :

* Des délais minimums avant la Formation ou Sensibilisation.
* La suppression des phases de sensibilisation lorsqu’il ne s’agit pas d’une première adoption encadrée (par un OAA, organisme autorisé pour l’adoption)
* La fixation de délais maximums à TOUTES les étapes de la procédure. Y compris un délai pour le juge avant qu’il ne rende son jugement interlocutoire lançant l’enquête sociale.
* Des formations dignes de ce nom, dispensées par des professionnels de l’adoption.
* Supprimer l’obligation discriminatoire de s’adresser aux OAA (organismes) de la communauté où nous résidons. Réintroduire donc le droit d’adopter dans un organisme situé sur une autre région linguistique du pays.

Donc n’hésitez pas : Signez la pétition !

Aujourd’hui, je passe la journée chez Nanny et Pappy car Maman et Papa vont à la conférence donnée par le Dr Chicoine, pédiatre québécois, spécialiste de l’adoption à l’hôpital Ste Justice de Montréal. Cette conférence est organisée par l’asbl Larisa, dans les locaux du CHU de Liège et a pour thème la post-adoption.

Maman et Papa y ont retrouvé nos compagnons de voyage : Bénédicte, Adilia, Martine et Frédéric ainsi que d’autres amis et connaissances : Franco (Maria étant restée près de Lisa), Tantine Nadine et Didier, Marie-Anne et Christian, Chantal et Sébastien, Marina et Patrick, Anne qui a très envie de me voir. Ils ont entre aperçu le Docteur Stévart (ma pédiatre), Françoise Hallet, une partie de l’équipe d’Amarna, …

Durant 2h30, le Dr Chicoine a expliqué un tas de choses très importantes aux personnes présentes.

Il a répété ce qu’il avait exposé la veille au soir en insistant lourdement sur l’importance de la présence d’au moins un des deux parents durant 6 mois à un an voir plus pour les enfants plus âgés. Il faut compter au moins la moitié de l’âge de l’enfant pour que celui-ci commence à faire confiance à un parent. D’où l’importance d’être présent et disponible.

Il a expliqué pourquoi un enfant adopté ne s’élève pas comme un enfant biologique qui n’a pas subit la blessure de l’abandon. Blessure qui ne guérira jamais complètement mais qui avec le temps, l’attention, l’empathie, les soins réguliers,… finira par s’estomper. Un enfant adopté a besoin d’au moins 2 fois plus de sécurité, de structure, d’amour, … qu’un enfant bio.
Il a aussi rappelé qu’un enfant adopté a généralement un retard sensoriel, moteur, cognitif par rapport à un enfant bio du même âge étant donné que dans la plupart des cas, son cerveau n’a pas été stimulé et que personne n’a répondu à ses demandes de façon rapide, cohérente, répétitive et surtout chaleureuse.

En réponse à une question posée par maman, il a expliqué que les enfants n’ont pas besoin de relations avec d’autres enfants avant l’âge de 3 ou 4 voire même 5 ans. Il n’est donc pas nécessaire de les scolariser à tout pris à 2 ans et demi ou 3 ans. Il faut néanmoins pouvoir me confier à quelqu’un de confiance sans aucun problème.

Le Dr Chicoine a parlé d’un livre qu’il serait occupé d’écrire sur les trucs et astuces du Dr Chicoine… il en a parlé en rigolant mais un tel guide pratique serait le bienvenu donc Maman espère qu’il l’écrira pour de bon.

Pour les enfants qui ont des troubles du sommeil, il a conseillé aux parents de leur donner deux billets de sommeil. L’enfant peut utiliser ses billets de sommeil pour faire revenir ses parents près de lui. Il faut alors voir avec lui ce qu’il désire dans les limites du raisonnable (à boire, à manger, faire pipi, une gâtée,…) Après, l’utilisation du premier billet, les parents doivent lui dire : « tu me donnes ton 1er billet de sommeil, il ne t’en reste donc plus qu’un. Si tu utilises ton 2ème billet, nous reviendrons une deuxième fois mais après, c’est terminé pour la nuit, nous ne reviendrons plus ». Dans 95 % des cas, l’enfant n’utilise pas son deuxième billet de sommeil et le garde précieusement en cas de réel besoin. Cette technique permet de résoudre les troubles du sommeil rapidement.

Le Dr Chicoine, insiste sur le fait qu’il ne faut pas donner d’ordre aux enfants adoptés qui ont été dans la plupart des cas maître de leur destin. Il est préférable de leur donner le choix entre deux options qui conviennent aux parents et lui expliquer les conséquences des différents choix. Quand l’enfant a le choix, il a le sentiment de garder le contrôle et ce qui lui permet de continuer à avancer et évoluer dans son mode de fonctionnement.

Les enfants adoptés ayant déjà connu la souffrance de l’abandon et tout ce qui en découle, sont plus sensibles que les autres face aux humiliations ou à la violence verbale ou physique. Il faut donc être très prudent dans son éducation qui doit être basée sur des choix, une structure solide et des limites claires. Il ne faut jamais l’humilier, le vexer ou le frapper.
Si malgré les choix et conséquences, l’enfant ne répond pas bien aux demandes des parents, l’humour, voir l’absurde restent un excellent outil.
Ex : « Tu ranges ta chambre et tu pourras faire de la bicyclette, ou tu ne la range pas tu ne pourras pas en faire »… si malgré 2 ou 3 fois la chambre n’est pas rangée : « tu ranges ta chambre ou tu ne ranges pas ta chambre merci d’avance ! »

Mes parents remercient tout particulièrement le Docteur pour ces précieux conseils.

A l’issue de la conférence, ils ont encore discuté un peu avec Marie-Anne, Christian, Chantal, Sébastien et Anne avant de reprendre la route pour Ham où j’ai passé une excellente journée avec Nanny et Pappy.

PS : Anne tu viens me voir quand tu veux 😉

Ce soir, Papa est passé chez Amarna pour y déposer une copie des documents que nous avions reçu en Chine. Avec tout ce qui s’est passé depuis mon arrivée, mes parents avaient oublié ce détail administratif.

Il a été reçu par une jeune dame qui l’a informée qu’elle ferait mon évaluation. Mes parents doivent l’appeler pour prendre rendez-vous. Nous irons à 3 avec quelques photos de notre belle famille.